mardi 5 août 2008

Chères bloggers,

à la fin de l'été....l'automne 2008 s'annonce chaud au niveau du combat que les syndicats doivent méner afin d'obtenir des augmentations des salaires suffisantes pour faire face au coût de la vie qu'en 2008 a veritablement explosé!
C'est la raison pour laquelle, je publie le discours qu' Andreas Rieger, coprésident du syndicat Unia a tenu lors de la conférence de presse convoquée par l'USS au sujet du lancement de la campagne contre des salaires de misère.....bonne lecture....


Campagne de l’USS sur les salaires minimaux

Nouvelle campagne contre les salaires de misère
par Andreas Rieger, coprésident d’Unia

Le succès de la première campagne portant sur les salaires minimaux, dont le lancement remonte à 1998, n’est pas le fruit du hasard.
La campagne a débouché sur des résultats dans les branches où les syndicats, à commencer par les organisations qui ont précédé Unia, déployaient une activité concrète. A contrario, il n’y a plus guère eu d’améliorations dans le segment des bas salaires depuis la fin de cette campagne axée sur un salaire minimum de 3000 francs. Expérience à l’appui,rien n’évolue sans les pressions syndicales dénonçant les salaires de misère, et donc, il faut aujourd’hui reprendre cette campagne.
Les objectifs inscrits dans cette nouvelle campagne sont les suivants:

- 3500 francs, 13 fois par an, soit 20 francs par heure, vacances en sus
- 4500 francs, 13 fois par an, pour le personnel qualifié et expérimenté

Unia entend à nouveau faire preuve de pragmatisme et adapter ces objectifs à la situation concrète de chaque branche. Quelques exemples serviront à illustrer la démarche syndicale.

Commerce de détail: extension des salaires minimaux conventionnels obligatoires à
l’ensemble de la branche.
Dans le commerce de détail, la campagne lancée contre les salaires inférieurs à 3000 francs a
remporté un vif succès. En 2000 nous avons obtenu, par la voie des conventions collectives de
travail, que Coop et Migros relèvent jusqu’en 2003 la limite des salaires minimaux à 3300 francs
(13 fois par an). Par la suite, d’autres chaînes de commerce de détail ont dû s’adapter aux
pressions publiques. Entre-temps, le salaire minimum alloué par Coop au personnel non qualifié est de 3600 francs treize fois par an (soit compte tenu des 41 heures par semaine un salaire horaire de 19.80 francs, indemnité de vacances en sus).
Or au niveau de la branche, 27 % du personnel féminin percevait encore en 2006 un salaire
inférieur à 3500 francs. Des mesures s’imposent donc: Concrètement il faudra déclarer de force
obligatoire, par le biais d’une CCT-cadre, un salaire minimum de 13x 3500 francs défini pour
l’ensemble du commerce de détail.
Les salaires du personnel qualifié et expérimenté demeurent problématiques dans le commerce de détail. A l’heure actuelle, l’écart par rapport au personnel non qualifié n’est souvent que de 200 à 300 francs mensuels. Chez les femmes en particulier, les années d’expérience professionnelle dans la vente ne sont guère récompensées: elles n’obtiennent guère de progression salariale et gagnent encore souvent moins de 4000 francs, en dépit d’un apprentissage et de 10 ou 20 ans d’expérience.
Unia exige par conséquent l’inscription de salaires minimaux différenciés dans les CCT, pour
récompenser la formation et l’expérience professionnelle.

Hôtellerie-restauration: 13e salaire et correction des lacunes de la CCNT.
Dans l’hôtellerie-restauration également, la première campagne pour des salaires minimaux a
permis un net progrès qualitatif, avec le relèvement substantiel des salaires inscrits dans la
convention collective nationale de travail (CCNT). Or depuis lors les salaires minimaux n’ont plus guère connu d’augmentation réelle, alors même que l’hôtellerie-restauration demeure l’un des principaux secteurs d’emploi à bas salaires. Les hommes et les femmes employés dans cette
branche sont d’ailleurs logés à la même enseigne. Il est vrai qu’une solide formation professionnelle et l’expérience sont un peu mieux rétribuées que dans la vente. Et encore les employeurs cherchent à économiser au détriment de ces catégories salariales.
Les syndicats se battent aujourd’huidans l’hôtellerie-restauration pour l’introduction du 13e salaire complet. En outre, il faudra corriger les lacunes qui permettent de contourner les salaires minimaux convenus.

Transport routier: à défaut de CCT, au moins un CTT.
Il n’y a guère d’autre branche où l’évolution des salaires depuis 2000 ait été aussi médiocre que les «transports terrestres», et en particulier le transport routier privé de marchandises. Les
privatisations, la tendance à l’externalisation etles prestations exercées par la concurrence
étrangère ont freiné la progression salariale des dizaines de milliers de chauffeurs concernés. Un
salaire horaire inférieur ou à peine supérieur à 20 francs est monnaie courante dans cette branche.
La branche subit une extrême pression salariale et concurrentielle, due aux prestataires étrangers. D’où l’urgence d’instaurer des salaires minimaux contraignants par la voie conventionnelle, afin de stabiliser la situation. Mais l’ASTAG, soit l’organisation patronale compétente, refuse de négocier avec les syndicats et ne veut pas entendre parler d’une CCT. Si elle campe sur ses positions, la seule approche réaliste pour lutter contre la sous-enchère salariale consistera à inscrire des salaires minimaux obligatoires dans un contrat-type de travail (CTT).

Services personnels: des salaires minimaux via un CTT.
Les conditions les moins enviables sont sans doute celles du secteur à bas salaires des «services
personnels». Cette appellation recouvre des activités professionnelles liées aux soins corporels et à l’économie domestique pour lesquelles64 % des femmes (les hommes étant très minoritaires)
occupées à 100 % gagnent moins de 13x 3500 francs (à titre de comparaison, seules 19 % des
femmes gagnent des salaires aussi bas, toutes branches économiques confondues). En outre, les
salaires ont stagné au cours des dernières années.
Depuis plus d’un an déjà, la branche de la coiffure est livrée à un vide conventionnel auquel il serait possible de remédier. En effet aucune autre branche de ce domaine n’a ni CCT, ni association patronale disposée à en conclure une. Unia exige donc que les autorités édictent des CTT, comme l’a fait le canton de Genève pour le personnel de maison.

Industrie: augmenter les salaires minimaux, ou en introduire le cas échéant.
Dans l’industrie également les bas salaires restent courants –et concernant avant tout la maind’oeuvre féminine. Même dans la florissante industrie horlogère, 17 % des femmes gagnent encore moins de 13x 3500 francs –une honte! Et dans l’industrie alimentaire, 34 % des femmes sont dans ce cas – de quoi couper l’appétit. Unia vise donc à obtenir des améliorations dans l’industrie par le biais des salaires minimaux notamment.

Nous lançons donc une nouvelle campagne contre les salaires de misère.
Notre stratégie est bien claire:
- étendre les CCT prévoyant des salaires minimaux
- relever les salaires minimaux inscrits dans les CCT
- introduire un CTT là où une CCT n’entre pas en ligne de compte.
L’impact de nos efforts pour abolir les salaires de misère, véritable scandale dans un pays aussi
riche que la Suisse, et pour obtenir de réels progrès en matière salariale dépendra en bonne partie de la réceptivité de l’opinion publique. Après tout, les problèmes sociaux liés aux salaires
insuffisants affectent l’ensemble de la société–et donc il est dans l’intérêt de tous d’y apporter une solution concrète.

3 commentaires:

saladerouge a dit…

Un discours qui redonne l'espoir et la force, de se battre, pour sa dignité de travailleuse pauvre...

Un salaire qui permette une vie simple et juste, rien de mirobolant, d'excentrique...

Une vie de femme épanouie aussi professionnellement, je veux plus que les lauriers de la maternité, du bénévolat ménagé, je veux les fruits de mon labeur... Mon engagement dans un métier mal considéré est entier, mon salaire ne doit pas être raboté... J'assume aussi mes enfants en grande partie seule, je suis donc la cheffe de ma famille, mon salaire ne peut pas être un d'appoint... La femme autant que l'homme doit pouvoir compter uniquement sur elle-même, nous avons donc besoin de considération salariale, égale, à celle de nos collègues masculins...

Longue vie sur la toile au groupe femme d'UNIA...

saladerouge

saladerouge a dit…

Tract, discours, lettre ouverte, suite à l'extension des ouvertures, dans la vente, sur le canton de Neuchâtel

Dans ma main droite, je tiens un morceau du mur de Berlin. Pourquoi ? Pour paraitre, pour soulever l'approbation ? Pour laisser croire que, je fais partie de celle qui était sur place, au moment de la chute du mur ? Pour épater la galerie ?

C'est un cadeau, je ne suis jamais allée à Berlin...

Dans ma main gauche, j'ai trois petit graviers. J'ai ramassé ces graviers, dans la cour, du château de Neuchâtel. Je peux sur la pointe des pieds, les lancer, pour tenter d'atteindre une fenêtre, pour être perçue par les députés. Tac, petit bruit sans sens qui ne captive personne, tac, tac... Finalement, un concierge bougon me somme d'arrêter...

Mon action individuelle bien que soutenue par un enthousiasme glorieux, est inutile...

Elle manque de force...

Je suis une petite vendeuse du tertiaire, un bouchon balloté sur l'eau... Depuis peu, je veux devenir une pierre à l'édifice, je m'engage activement pour...

Les lois changent, elles semblent confirmer notre impuissance. Ce sentiment vient de l'acceptation, de l'abnégation, de croyance. Nous sommes la force du nombre. Nous sommes déjà unies par des conditions identiques, par des revendications semblables. Le bavardages politique, suite à l'augmentation des heures d'ouverture est mené. L'écœurement, la révolte est vivante. Il manque un seul et dernier pas à faire, s'organiser, adhérer, se syndiquer.

Le client est peut-être, le roi de l'employé... Il est pour le patron un partenaire. Quand j'abandonne à aucune personne, la responsabilité de ma vie, je deviens mon propre patron. A partir de là, tous ceux qui croisent ma route sont des partenaires. Il n'y a plus de grand, plus de petit.

Une convention collective pour nous vendeur et vendeuse, c'est possible. Une loi qui corresponde, à notre réalité, c'est faisable. Cessons de déserter, les lieux ou les décisions sont prises, pour concrètement voir notre branche évoluer. Voir notre métier valorisé, notre voix respectées, entendues.

Merci pour votre lecture, je vous invite à rejoindre le groupe tertiaire, du syndicat UNIA, venez nombreux et travaillons ensemble...

Salut chaleureux... Saladerouge

saladerouge a dit…

A propos du salaire minimum.

La lutte pour un salaire minimum doit être conjointement liée aux mesures pour annuler les divers effets de seuil. UNIA risque sans cela d’élever le revenu brut des travailleurs et de baisser leur revenu net. Cela revient à gagner une lutte sur la scène politique et à la perdre pour la base. Nous soutenons la base avant l’image du syndicat. Le salaire minimum intégré à une politique sociale globale changera réellement le revenu du travailleur modeste. Le salaire minimum comme revendication isolée va baisser mon revenu net et cela, chers collègues, me désole. Il faut agir sur les salaires, sur la charge fiscale des bas revenus et faire en sorte que les primes des assurances maladies soit en proportion du revenu. Je souhaite qu’UNIA s’engage pour une politique sociale globale, à fin d’arriver, à des améliorations palpables dans le budget des travailleurs modestes.

Secouons le cocotier, mais pas pour des cacahouètes…